les parfums du fil

PRODUCTION ARFI

Le Parfum du fil est le projet d’une exploration puis, d’une immersion au cœur des points de vue et des expressions sonores émanant de paysages, de communautés humaines ou d’une parole individuelle. Débusquer des tonalités générales et complexes, faire émerger les sons qui s’en détachent ou ceux qui les lient…

photographies : Christian Rollet
INVITATION À UN.E MUSICIEN.NE SOLISTE

Au milieu de ces univers, un.e musicien.ne soliste est invité.e à inventer, incarner, et révéler la musique de ces lieux et de ces gens qui nous entourent sans que nous les percevions consciem- ment au quotidien.Sons de la nature mais aussi ceux des hommes au travail, des machines, des usines, des architectures, de l’activité urbaine qui font la musique si chère à John Cage : celle de la vie.

Au centre de ces sons, le challenge de l’improvisateur aux aguets est de se laisser porter et réagir aux symphonies des hasards et des contingences locales que ce monde choisi ou subi nous offre à chaque instant.

PHOTOGRAPHIES, MUSIQUES, TEXTES

Olivier Bost (sons), Johanne Larrouzé (textes), Christian Rollet (photographies) captent chacun à leur façon la polysémie de ces instants improvisés, les espaces, la pluralité des usages, des réels éclatés : diffraction d’odeurs, de mots, de situations, de sons.Ces collectages, bruts dans leur genèse, font se côtoyer trois discours ou plutôt trois perceptions de moments uniques où un.e musicien.ne seul.e exerce son art tel qu’il le possède, dans une situation dont il ou elle a délibérément délégué le choix à ceux qui mènent le projet et qui en sont les témoins contemporains.

« Les parfums du fil » a pour finalité une suite d’objets sonores, de photographies, de récits et de poésies. Témoignages sensibles ou fictions du réel, ces captations de l’instant, in situ, nous invi- tent à recomposer les œuvres éphémères qui nous entourent.

De ces jours d’expérimentations conjointes dans Marseille et ses faubourgs, me restent un souvenir lumineux, une expérience du réel provoqué et en cela déjoué. Marseille à ce pouvoir de contenir et de faire advenir une infinité d’espaces limites, limites parce qu’ils sont rarement qualifiables précisé- ment notamment dans ce qui tient de leurs histoires, de leurs qualités urbaines, de leurs fonctions, de leurs usages. Limites parce qu’ils sont en même temps urbains, péri ur- bains et naturels. Marseille, composition d’in- stantanés, entrelacs d’espaces poreux, est plus que tout autre ville compositrice d’espaces polysémiques. La polysémie des espaces, la pluralité des usages y créent un réel éclaté : diffraction d’odeurs, de mots, de situations, de sons. Marseille présuppose une multitude de relation entre sujets et objets, Marseille force à l’interprétation. Dans le cadre des Parfums du Fil, le/ la musicien.ne propulsé.e dans ces

espaces limites produit au contact de ce qui advient des signifiants supplémentaires, com- plète le monde en quelque sorte, contribue à sa composition comme tout autre élément en présence : chien, moteur, vague, béton, pas- sant, gabian…

Ecrire, dans ces espaces sans cesse recom- posés, a été pour moi une expérience inédite, une infinie acuité de l’instant. Tous les sens en éveil, les mots que j’écrivais venaient se super- poser à ces infra-ordinaires en tentant de les inscrire, en même temps, ils m’emmenaient dans des ailleurs existentiels, des ailleurs de pensée. Les temps très brefs d’écriture ont produits des instantanés, des textes courts, très courts parfois mais qui au fil des heures et des jours se répondaient.

Johanne Larrouzé – octobre 2021

photographies : Christian Rollet
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